Prévenir les chutes à la maison : les aménagements essentiels à envisager

18/05/2025

Pourquoi la prévention des chutes est-elle si importante ?

Les chutes représentent la première cause d’accident de la vie courante chez les seniors. Elles occasionnent chaque année en France 130 000 hospitalisations et 10 000 décès chez les personnes âgées de plus de 65 ans . Au-delà du chiffre, il faut penser à ce que cela signifie : perte de confiance, gêne pour se déplacer, crainte de sortir, limitation des sorties au marché ou du lien social si précieux en zone rurale.

Pourtant, la majorité des chutes ne sont ni inévitables, ni dues à la « malchance ». Un bon nombre sont liées à l’environnement domestique : mobilier mal adapté, éclairage insuffisant, tapis traîtres, escaliers trop raides… Certains de ces facteurs peuvent réellement être maîtrisés !

Les pièces à risque : où faut-il agir en priorité ?

Avant toute chose, il ne s’agit pas de tout bouleverser d’un coup. Mieux vaut procéder par étapes et se concentrer sur les zones du domicile où le risque est le plus élevé.

  • La salle de bain : L’humidité, les surfaces glissantes, les efforts pour entrer ou sortir de la baignoire en font la pièce la plus accidentogène. Près de 46 % des chutes à domicile surviennent ici (source : INSERM).
  • Les escaliers : Leur utilisation est parfois incontournable, mais ils multiplient les risques si l’éclairage est mauvais ou si la main courante est absente ou instable.
  • Les chambres et le séjour : Le passage du lit à la chaise, la présence de tapis, de fils électriques ou de meubles bas sont autant d’obstacles potentiels.
  • Les extérieurs immédiats : Mégots de feuilles mouillées, marches irrégulières, absence de rampe… Les abords peuvent piéger inattentivement, notamment en hiver ou par temps de pluie.

Aménagements prioritaires dans chaque pièce

Sécuriser la salle de bain : astuces et solutions à la portée de tous

  • Installer des barres d’appui renforcées autour de la douche, de la baignoire ou près des toilettes. L’Assurance Maladie ou certaines caisses de retraite aident parfois à financer leur pose.
  • Préférer la douche à l’italienne : sans marche, avec sol antidérapant, elle limite grandement les risques. Si les travaux sont trop lourds, il existe des solutions de rehausseurs ou plans inclinés pour bac à douche classique.
  • Antidérapants sous les tapis de bain. Les modèles à ventouses ou en mousse à relief sont à privilégier.
  • Chaise de douche réglable : Elle permet de se laver assis, sans fatigue, idéale pour éviter le déséquilibre.
  • Robinetterie adaptée : Mélangeur thermostatique pour éviter de manipuler avec force ou d’avoir à régler l’eau longtemps debout, et limiter les brûlures.
  • Éclairage renforcé avec interrupteur à grand bouton ou détecteur de mouvement.

Les escaliers : équipements essentiels et bons gestes

  • Pose d’une main courante continue des deux côtés; elle doit être bien fixée et à la bonne hauteur (entre 85 et 90 cm).
  • Marquage des premières et dernières marches avec bandes ou nez de marche fluorescents (Existe en rouleau autocollant).
  • Antidérapants sur les marches : En caoutchouc ou adhésifs spécifiques, ils permettent de garder de l’adhérence même en chaussettes ou pantoufles.
  • Lumière automatique ou minuterie dans la cage d’escalier, pour ne pas monter ou descendre dans la pénombre.
  • Siège monte-escalier, à envisager lorsque la mobilité baisse mais que le maintien à domicile demeure possible. L’investissement est lourd, mais il existe des aides au financement (ex : ANAH, caisses de retraite, MDPH).

Chambres et séjour : déjouer les pièges invisibles

  • Dégager le chemin entre le lit et la porte, et installer une petite lampe à détection pour les levers nocturnes.
  • Limiter les meubles bas et encombrants (poufs, paniers à linge, etc.).
  • Regrouper et coller les fils électriques le long des murs, ou faire poser des prises mieux placées.
  • Supprimer les tapis à bords relevés ou, si on y tient, les fixer solidement avec du scotch double-face ou des bandes antidérapantes.
  • Installer un téléphone facilement accessible et, si besoin, une téléassistance (sollicitable via le Département ou le CLIC local).

Extérieurs immédiats : prévenir même aux abords

  • Rampe et main courante sur les marches extérieures.
  • Pose de revêtements antidérapants sur le perron, devantures ou allées principales.
  • Éclairage puissant à détection autour de l’entrée et du garage.
  • Désherber, tondre régulièrement, éliminer les branchages ou débris qui favorisent les mauvaises chutes, en particulier en automne et hiver.

Petits gestes, grande sécurité : habitudes à adopter

L’aménagement matériel est indispensable, mais il n’agit qu’avec quelques habitudes au quotidien. Voici les conseils issus de la fédération française de la prévention des risques domestiques :

  • Faire attention aux lunettes et appareils auditifs, toujours bien réglés et portés.
  • Privilégier des chaussures fermées, confortables et antidérapantes, même à l’intérieur.
  • Ne pas hésiter à demander un petit coup de main pour les tâches difficiles ou perchées (changement d’ampoule, rideau, etc.).
  • Limiter les médicaments qui provoquent somnolence ou vertiges (parlez-en toujours avec le médecin).

Un diagnostic personnalisé, ça s’organise

Beaucoup de personnes hésitent à faire venir quelqu’un chez elles par peur d’être jugées ou « infantilisées ». Pourtant, un bilan prévention chutes à domicile est un service proposé par certains organismes sans qu’il soit nécessaire d’engager des travaux coûteux.

  • Le Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) du Pays d’Auray propose régulièrement ces diagnostics-conseils. Les ergothérapeutes identifient les zones à risques et vos habitudes de vie, et ne forcent ni aux travaux, ni au changement de rythme.
  • L’Assurance retraite propose le service « Pour bien vieillir chez soi » : un ergothérapeute se déplace pour proposer aménagements, micro-interventions (pose d’une barre, déplacement d’un meuble, etc.) et solutions financières. Plus d’infos sur pourbienvieillir.fr
  • Les professionnels paramédicaux locaux (infirmiers, kinés, ergothérapeutes) peuvent également repérer durant leur tournée les situations à risque et alerter ou proposer des solutions adaptées.

Dans le Morbihan, certains travaux de prévention permettent de bénéficier de crédits d’impôt ou de subventions (Programme « Habiter facile » de l’ANAH, aides Conseil Départemental, etc.). Le CLIC ou la Mairie peuvent guider dans ces démarches.

Des initiatives locales pour vous accompagner

Dans notre secteur, associations, CCAS et collectivités sont particulièrement sensibilisés à la question. Voici quelques ressources spécifiques :

  • L’association Siel Bleu, très présente dans le Morbihan, propose des ateliers d'équilibre, d’activité physique adaptée et même des visites à domicile pour évaluer l’environnement ou suggérer des exercices de prévention (sielbleu.org).
  • L’Espace Autonomie Santé de Vannes propose des démonstrations et des outils en prêt pour tester les matériels d’adaptation avant achat.
  • Le service “Sécurité à domicile” de la mairie de Camors accompagne (gratuitement ou à tarif modique) pour la pose de petits équipements de sécurité, renseignez-vous.
  • Des ateliers de prévention sont souvent organisés en partenariat avec la MSA, la Mutualité, la Résidence autonomie du territoire ou lors des semaines “Bien vieillir”.

Regarder l’avenir : adapter, oui, mais sans sacrifier la convivialité

Prévenir les chutes n’est ni une affaire d’âge ni une question d’inaptitude. C’est avant tout une démarche lucide, respectueuse de l’autonomie de chacun. L’essentiel : adapter son chez-soi à ses besoins, sans renoncer à ce qui fait la chaleur d’un foyer.

Le plus difficile n’est pas d’oser changer, mais d’identifier par où commencer. Priorisez les endroits où vous êtes le moins à l’aise. Osez demander conseil aux professionnels de santé ou du secteur associatif local, ils connaissent les solutions adaptées à vos envies, à votre budget et à la réalité de nos maisons dans le Morbihan : parfois anciennes, parfois avec quelques marches ou des coins biscornus.

Un logement sûr n’est pas seulement un logement sans danger : c’est un lieu où l’on continue à recevoir ses proches, partager un repas, sortir dans le jardin ou préparer une confiture maison… sereinement. Pour cela, rien ne vaut des aménagements pensés avec bienveillance, réalisés étape par étape et enrichis, quand on veut, d’échanges avec d’autres seniors confrontés aux mêmes questions.

N’hésitez jamais à faire appel aux nombreux relais présents à Camors et dans le secteur pour franchir le pas. La prévention des chutes est l’affaire de toutes et tous, elle se construit petit à petit, à votre rythme : c’est ainsi que l’on reste actif, indépendant, et bien dans sa maison, aussi longtemps qu’on le souhaite.