Services à la personne : cumuler plusieurs aides quand on est retraité, est-ce possible ?

08/07/2025

Comprendre ce que sont les services à la personne

Vieillir à la maison, c’est le souhait partagé par la majorité des personnes retraitées en France. Selon l’Ifop, en 2023, plus de 90 % des Français de plus de 60 ans préfèrent rester vivre chez eux le plus longtemps possible. Pour répondre à ce désir d’autonomie, de nombreux services à la personne existent : aide-ménagère, portage de repas, jardinage, assistance administrative, accompagnement pour les déplacements… mais aussi soutien à la vie quotidienne pour les gestes essentiels.

L’expression « services à la personne » regroupe en réalité une trentaine d’activités définies par la loi française (Article L. 7231-1 du Code du travail). Toute personne âgée ou retraitée peut en bénéficier, que ce soit ponctuellement ou régulièrement.

Peut-on cumuler plusieurs services à la personne ?

En pratique, rien n’interdit de faire appel à plusieurs prestataires ou à différentes catégories de services à la personne en même temps. Que vous ayez besoin d’une aide-ménagère chaque semaine, d’un jardinier une fois par mois et de l’assistance pour la prise de médicaments, il est tout à fait possible d’organiser l’ensemble, sous réserve de respecter certaines règles.

Il est fréquent, surtout à partir de 75 ans ou en perte d’autonomie, d’avoir besoin de plusieurs formes de soutien. Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), 44 % des bénéficiaires de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) cumulent au moins deux services à la personne – et plus de 15 % en utilisent trois ou plus.

Quels sont les services à la personne cumulables ?

La liste est vaste. Parmi les services qu’il est possible de cumuler, citons notamment :

  • L’aide-ménagère : ménage, repassage, lessive.
  • L’aide au lever, au coucher et à la toilette.
  • L'aide aux repas : préparation, aide à la prise de repas, portage de repas à domicile.
  • Accompagnement aux courses ou à des rendez-vous médicaux.
  • Petit jardinage et bricolage.
  • Assistance administrative : aide à la gestion du courrier, des démarches en ligne.
  • Soutien informatique, pour utiliser un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
  • Garde d’animaux de compagnie ou promenade.
Le cumul peut concerner une ou plusieurs de ces activités, selon les besoins réels du retraité. Chaque prestation fait l’objet d’un contrat ou d’une convention spécifique.

Les services peuvent être réalisés par des organismes spécialisés, des associations (comme l’ADMR ou Emmaüs Services), ou encore des auto-entrepreneurs agréés.

Cumuler plusieurs aides : quelles règles et quelles limites ?

Respect des plafonds d’aide financière

Le principal point de vigilance concerne les aides publiques qui financent tout ou partie de ces services (APA, aides des caisses de retraite, PCH, etc.). Chaque dispositif fixe des plafonds annuels :

  • L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) en établissement ou à domicile finance un plan d’aide plafonné : par exemple en 2024, jusqu’à 1 943,86 € par mois pour les personnes très dépendantes (GIR 1), moins pour les GIR 3 ou 4 (source : service-public.fr).
  • Les caisses de retraite attribuent également des aides selon conditions, souvent pour effectuer du ménage ou des courses, avec des montants maximum variables suivant votre régime (CARSAT, MSA, RSI, etc.).
  • Certaines mutuelles ou complémentaires santé prévoient aussi la prise en charge de quelques heures d’accompagnement en cas d’hospitalisation ou de maladie chronique.
C’est donc le montant de l’aide (et non le nombre de prestations) qui est plafonné : vous pouvez bien répartir votre crédit d’heures sur différentes activités.

Coordination et organisation

Cumuler plusieurs prestations nécessite une bonne coordination pour éviter les chevauchements d’horaires. Côté pratique, certaines plateformes de services à domicile proposent des offres « globales » ou des « chefs d’orchestre » qui aident à planifier les passages selon vos besoins et votre rythme de vie.

Les services d'accompagnement du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Camors ou du Morbihan peuvent vous conseiller, ou aider à monter le dossier de financement (coordonnées disponibles sur le site du Conseil Départemental du Morbihan).

Compatibilité avec l’emploi direct ou le recours à des organismes prestataires

Le choix entre employer directement une personne (via le CESU – Chèque emploi service universel) ou passer par une structure agréée influence surtout la gestion administrative. Dans les deux cas, le cumul reste possible, excepté pour certaines prestations « incompatibles » entre elles (exemple : on ne peut pas utiliser deux aides professionnelles différentes au même créneau horaire pour la même action).

Enfin, pour la sécurité (notamment du point de vue des assurances ou en cas d’accident du travail), il est recommandé de bien clarifier chaque contrat.

Quels avantages à cumuler plusieurs services à la personne ?

  • Un maintien renforcé de l’autonomie : bénéficier d’une aide adaptée à chaque besoin spécifique (hygiène, mobilité, alimentation, lien social…) diminue les risques de perte d’autonomie et prévient les situations d’isolement.
  • Des solutions sur-mesure : le sur-mesure est essentiel. Un retraité peut avoir besoin de peu d’aide, mais très diversifiée, ou au contraire, beaucoup d’aide sur un même domaine.
  • Un soulagement pour l’entourage : cumuler permet aussi de décharger proches et aidants familiaux, favorisant un cadre de vie serein.
  • Des avantages fiscaux : Les sommes payées pour les services à la personne ouvrent droit à un crédit ou une réduction d’impôt de 50 %, jusqu’à un certain plafond (voir sur impots.gouv.fr). Le cumul de services permet donc aussi de maximiser cet avantage fiscal, tout en respectant les plafonds annuels (jusqu’à 12 000–20 000 € en fonction de la situation – majorations possibles pour les personnes en situation de handicap ou de dépendance).

Dans le Morbihan, selon la FESP (Fédération des Entreprises de Services à la Personne), plus de 8 000 foyers retraités cumulent au moins deux services chaque année.

Points de vigilance à garder à l’esprit

  • Éviter la multiplication des prestataires : cela peut générer des allers-venues fréquents, ce qui n’est pas toujours reposant. Dans ce cas, privilégier une structure multiservices ou un prestataire unique peut limiter le nombre d’interlocuteurs.
  • Évaluer régulièrement ses besoins : les situations évoluent. Il est recommandé de faire le point chaque année avec son médecin ou un travailleur social pour ajuster l’accompagnement à l’évolution de la santé ou de l’autonomie.
  • Vérifier la qualification du personnel : pour certaines prestations sensibles (toilette, aide à la mobilité) il est préférable de vérifier que les intervenants disposent d’un titre ou d’un diplôme adapté (ex. : aide-soignant, assistant de vie).
  • Ne pas confondre bénévolat et services à la personne rémunérés : certains réseaux associatifs proposent du bénévolat (visite de convivialité, promenade…), mais ces services ne se substituent pas à l’aide professionnelle nécessaire pour la sécurité ou les actes médicaux.

Exemples de cumul dans la région : cas concrets

Dans le pays de Camors, la réalité est très diverse. Voici deux exemples types :

  • Mme L, 78 ans, Camors :
    • Aide-ménagère : 2 fois par semaine, 2 h à chaque passage.
    • Portage de repas chaque midi, par une association intercommunale.
    • Une aide-soignante pour la toilette 3 jours sur 7, passage 30 minutes.
    Mme L. finance partiellement ces prestations grâce à l’APA et conserve un reste à charge pour le portage de repas. Elle bénéficie aussi de la réduction d’impôt annuelle.
  • M. R, 84 ans, Morbihan :
    • Petits travaux de jardinage deux fois par mois (prestataire privé agréé).
    • Promenade et surveillance médicale via téléassistance.
    • Accompagnement aux courses : chaque vendredi, par un voisin rémunéré en CESU.
    Pour M. R., la diversité des intervenants ne pose pas de problème. Il apprécie le contact et la flexibilité, mais a choisi de tenir un petit carnet de suivi pour chaque passage.

Chaque situation est unique et doit s’adapter avant tout à la personne et à son environnement.

Comment bien s’y prendre pour cumuler efficacement ?

  1. Faire le point sur ses besoins : identifier les domaines où l’on a besoin d’aide, la fréquence, le niveau d’urgence ou de dépendance.
  2. Consulter un professionnel : assistante sociale du CCAS, médecin traitant, case manager APA. Ils apportent des conseils pour structurer l’accompagnement sans « doublon ».
  3. Contacter plusieurs prestataires et comparer les offres : demander des devis, évaluer les horaires d’intervention.
  4. Prévoir une organisation claire : tenir un planning papier ou numérique pour suivre les passages, noter les intervenants.
  5. Pensez au relayage et au répit des aidants : certaines associations locales proposent du remplacement ponctuel qui peut compléter efficacement un accompagnement plus régulier.
  6. Actualiser régulièrement les dossiers de demande d’aide : pour ne pas perdre de droits ou rater une revalorisation (l’APA, par exemple, n’est pas automatique à vie).

Où s’informer et se faire accompagner dans le Morbihan ?

  • Le CCAS (Centre communal d’action sociale) de Camors accueille, renseigne et oriente gratuitement : 02 97 39 26 43
  • Le Département du Morbihan (service autonomie, informations sur l’APA et les aides existantes, site www.morbihan.fr)
  • Le CLIC (Centre local d’information et de coordination gérontologique) : appui aux personnes âgées et leur entourage sur tous les aspects pratiques.
  • Les associations locales : ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural), UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services à domicile), France Alzheimer 56, France Parkinson 56, etc.
  • Aides en ligne : portail officiel pour-les-personnes-agees.gouv.fr du Ministère de la santé et des solidarités.

Perspectives : un avenir où l’accompagnement sur-mesure prend tout son sens

L’évolution des besoins et l’augmentation du nombre de personnes âgées dans le Morbihan, comme partout en France, montrent à quel point la question du cumul des services à la personne est au cœur du bien-vieillir à domicile. S’entourer de plusieurs intervenants, c’est renforcer sa qualité de vie et prévenir la dépendance plus lourde.

Si la coordination n’est pas toujours simple, de nouvelles solutions (coordination locale, plateformes numériques, dispositifs publics) facilitent la tâche et aident à organiser un accompagnement rassurant, flexible et évolutif.

L’important, pour chaque retraité et chaque famille, est de construire une solution ajustée à ses ressources, à son vécu et à ses souhaits, pour continuer à bien vivre chez soi, en toute autonomie, dans le Morbihan ou ailleurs.

Sources : CNSA (Rapport annuel 2023), Ifop, FESP, Service-public.fr, ADMR 56, Conseil Départemental du Morbihan, Portail personnes âgées.