Comprendre ses droits et devoirs quand on emploie un intervenant à domicile

17/07/2025

Pourquoi se poser la question des droits et devoirs ?

L’aide à domicile est une solution précieuse pour de nombreuses personnes, tout particulièrement à l’âge de la retraite. Ce soutien permet de rester chez soi en toute sécurité, d’alléger les tâches du quotidien, ou encore de mieux vivre la perte d’autonomie. Mais dès lors que l’on devient « employeur » – même à son insu ! – la loi parle. Il ne suffit pas de rémunérer son intervenant pour être en règle. Devenir employeur, c’est surtout endosser des responsabilités précises.

Mieux connaître ce cadre permet d’éviter des erreurs (souvent involontaires), parfois lourdes de conséquences. Cela rend aussi la relation avec l’intervenant plus saine et fluide. Faisons ensemble le tour des points à avoir en tête.

Aide à domicile : qui est employeur ? Qui ne l’est pas ?

Tout le monde n’est pas employeur dans le cadre d’une aide à domicile. Il existe en réalité plusieurs statu(t)s, avec des obligations très différentes :

  • Emploi en gré à gré : vous embauchez vous-même directement la personne (par exemple, via une annonce ou du bouche-à-oreille). Vous êtes alors son employeur au sens du droit français.
  • Passez par un organisme prestataire : une association ou une entreprise envoie l’aide à domicile, que vous payez (souvent avec facture mensuelle). Dans ce cas, c’est l’organisme qui est employeur, pas vous.
  • Passez par un organisme mandataire : l’organisme s’occupe des démarches administratives, mais vous restez l’employeur.

Attention : même si l’aide à domicile est envoyée grâce à la mairie, il vous revient de vérifier si vous êtes réellement l’employeur au niveau du contrat de travail.

Quels sont les droits en tant qu’employeur d’un intervenant à domicile ?

Les « droits » de l’employeur sont ce que la loi vous autorise à faire – tout en respectant celle de la personne que vous embauchez.

  • Choix de l’intervenant : vous pouvez sélectionner la personne qui entre à votre domicile, fixer les horaires, demander à rencontrer plusieurs profils.
  • Définition des tâches : chaque contrat doit mentionner précisément ce que l’intervenant peut faire ou non (ménage, accompagnement, aide à la toilette, repas, courses...).
  • Fixation du salaire : vous négociez le tarif, dans le respect du minimum légal (voir chiffres plus bas).
  • Période d’essai : vous pouvez prévoir une période d’essai, dont la durée varie (généralement de 2 semaines à 1 mois pour un CDI – source : service-public.fr).
  • Pouvoir disciplinaire : vous pouvez, en cas de difficulté sérieuse et justifiée, prononcer un avertissement, ou rompre le contrat (toujours dans le respect des règles !).

Le salaire minimum d’une aide à domicile en 2024

  • SMIC horaire brut : 11,65 € depuis le 1er janvier 2024 (Ministère du Travail). Pour la convention collective du particulier employeur, une majoration peut s’ajouter selon l’ancienneté.
  • Salaires moyens observés : dans le Morbihan, l’URSSAF note que la moyenne nette se situe autour de 10 à 12 € / heure (hors indemnités) selon l’expérience et le type de tâches.

Les devoirs incontournables en tant qu’employeur

La loi française impose un cadre très strict pour protéger l’aide à domicile employée en direct. Même si la personne travaille quelques heures par mois, les obligations restent les mêmes.

  • Déclaration à l’URSSAF / CESU : toute embauche doit être signalée à la sécurité sociale des particuliers employeurs (le « CESU déclaratif » simplifie les démarches pour les particuliers).
  • Rédaction d’un contrat écrit : obligatoire dès 8 heures par semaine. Recommandé même en-dessous, pour éviter tout flou. Y mentionner : horaires, description des missions, période d’essai, salaire, durée.
  • Paiement du salaire chaque mois : à date fixe, avec bulletin de paie (édité via le CESU, ou union de recouvrement URSSAF).
  • Respect de la convention collective : il existe une convention spécifique aux « salariés du particulier employeur » (IDCC 2111).
  • Conditions de travail décentes : l’employeur doit fournir des conditions sûres, respectueuses, et permettre à l’intervenant ses temps de pause.
  • Déclaration des accidents du travail : obligatoire en cas d’incident au domicile, via la caisse d’assurance maladie.
  • Attestation Pôle emploi : à remettre à l’intervenant en fin de contrat, quels que soient la raison et la durée.
  • Respect du droit au congé : au minimum 2,5 jours ouvrés de congés payés par mois travaillé (soit 30 jours/an sur la base d’un temps plein).

Peut-on licencier une aide à domicile ?

La rupture de contrat doit respecter des procédures spécifiques, selon le motif (fin de besoin, faute, départ à l’hôpital…). Lettre recommandée, délai de préavis, indemnités selon l’ancienneté : rien ne se fait à la légère. Des modèles de lettres existent sur le site dédié aux particuliers employeurs.

Assurances et sécurité : vos responsabilités

Faire entrer quelqu’un chez soi soulève aussi la question de la responsabilité civile et pénale.

  • Assurance « Responsabilité Civile Employeur » : elle n’est pas toujours incluse dans l’assurance habitation classique. Demandez à votre assureur si vous êtes couvert en cas d’accident pour l’employé à domicile.
  • Accidents du travail : l’aide à domicile peut être indemnisée par l’Assurance Maladie en cas d’accident sur le lieu de travail (chez vous, donc).
  • Matériel et sécurité : l’employeur assure que les conditions sont sûres (escaliers praticables, produits ménagers non dangereux, etc.).
  • Discrétion, vie privée : l’aide à domicile est tenue au secret professionnel, mais l’employeur doit aussi respecter sa vie privée.

Dans le Morbihan, plusieurs compagnies d’assurance proposent des packs « particuliers employeurs » ; la MAAF, la MACIF ou Groupama en proposent à partir de 3 € par mois (prix 2024 pour des contrats types).

La question du CESU : un outil qui simplifie… mais ne dispense pas de tout

Le CESU (Chèque Emploi Service Universel) séduit par sa simplicité. Il permet de :

  • Payer et déclarer l’aide à domicile en ligne ou sur papier
  • Éditer automatiquement le bulletin de salaire
  • Bénéficier d’un crédit d’impôt immédiat de 50 % (déduction immédiate, voir impots.gouv.fr)

Mais cela ne remplace pas vos responsabilités d’employeur : un contrat de travail, le respect des indemnités, la gestion des congés restent à votre charge.

Embaucher une personne en situation irrégulière : quelles sanctions ?

Employer une personne non déclarée expose à de lourdes pénalités : jusqu’à 45 000 € d’amende et 3 ans de prison pour travail dissimulé (article L8224-1 du Code du travail). Pour l’employeur particulier, même de bonne foi, la méconnaissance de la loi n’est pas une excuse. Des contrôles ont lieu, notamment lors de demandes d’aides à domicile ou de déclarations fiscales.

Créer un lien serein : conseils pour une relation équilibrée avec son intervenant

Au-delà des aspects strictement légaux, les relations humaines priment. Voici quelques conseils issus de l’expérience de terrain (associations locales du Morbihan, CCAS Camors) :

  • Rencontrer plusieurs fois avant l'embauche : dialoguer sur vos attentes, vos besoins. Exprimez ce qui est essentiel pour vous (ex : préférences sur l’organisation, modalités d’accès à la maison...).
  • Écrire noir sur blanc les règles de la maison : même si le contrat est signé, cela lève bien des malentendus. Exemple : accès au frigo, gestion des clés, utilisation du téléphone...
  • Échangez régulièrement : faites le point toutes les semaines ou tous les mois, y compris sur ce qui « ne va pas ».
  • Ne laissez pas les tensions s’installer : la précarité de certains intervenants ou le manque de contacts formels peuvent compliquer les choses. Ne laissez jamais une difficulté s’enliser.

Des ressources locales pour vous accompagner à Camors et alentours

  • CCAS de Camors : peut vous aiguiller vers des solutions adaptées, vous aider à remplir vos papiers (tél : 02.97.39.28.20).
  • UDAF 56 : pour un accompagnement administratif, tutoriel CESU, informations sur vos droits (www.udaf56.fr).
  • Relais Particulier Emploi Morbihan : organise des ateliers gratuits pour tout savoir sur être employeur de gré à gré (particulieremploi.fr).
  • Autorités compétentes : en cas de doute, Service-Public.fr a une rubrique dédiée.

À Camors et dans les communes voisines, les structures associatives comme le Collectif Inter’Ages ou l’ADMR jouent aussi un rôle de conseil gratuit (sans engagement).

Pour aller plus loin, des liens et outils utiles

Zoom sur une réalité locale : où en est l’aide à domicile dans le Morbihan ?

  • 11 900 particuliers employeurs étaient recensés dans le Morbihan en 2023 (Source : URSSAF).
  • Le recours aux services d’aide à domicile a augmenté de 18 % en dix ans dans le département, signe du vieillissement de la population et des besoins croissants d’accompagnement.
  • Dans 1 cas sur 5, l’absence de déclaration a été pointée lors de contrôles administratifs en Bretagne (DREETS Bretagne, rapport 2023).

Bien connaitre ses droits et ses devoirs, c’est assurer la tranquillité de chacun, employeur comme intervenant. Dans le Morbihan, de nombreux organismes sont là pour accompagner les démarches et répondre aux questions, gratuitement ou à coût modéré. Prendre le temps de se renseigner, c'est s'éviter bien des soucis, et continuer à vivre pleinement… à Camors comme ailleurs.