Peut-on compter sur la téléassistance pour éviter les cambriolages ? Analyse et conseils pour les seniors du Morbihan

23/08/2025

Les missions premières de la téléassistance : rappel utile

La téléassistance a été pensée avant tout pour lutter contre l’isolement et rassurer les personnes âgées vivant seules. Les dispositifs classiques consistent généralement en :

  • Un médaillon ou bracelet équipé d’un bouton d’appel.
  • Un boîtier relié à une centrale d’écoute, par la ligne téléphonique, une box internet ou en GSM.
  • Une intervention rapide d’un proche, d’un voisin référent, ou d’un professionnel si besoin.

En France, plus de 720 000 personnes en bénéficiaient en 2022 selon l’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux). L’immense majorité des déclenchements concerne des chutes, des malaises ou des besoins d’aide médicale.

La téléassistance face aux risques d’intrusion : mythe ou réalité ?

Beaucoup pensent encore que la téléassistance, par sa simple présence, éloignerait les cambrioleurs. Or, dans sa version de base, ce système n’est pas conçu comme une alarme ou un dispositif anti-effraction :

  • Il ne détecte pas automatiquement une tentative d’ouverture de porte ou de fenêtre.
  • Il ne déclenche pas de sirène ni de dispositif sonore pour faire fuir un intrus.
  • Il n’appelle pas directement la police ou la gendarmerie sans intervention humaine.

Un bouton d’appel peut toutefois être actionné en cas d’intrusion, à condition que la personne soit capable de le faire, ce qui n’est pas toujours le cas face au stress ou sous la menace. Les centrales d’écoute formées savent réagir vite (alerte aux forces de l’ordre, appel d’un voisin, consignes personnalisées), mais cela suppose que le bouton soit accessible !

En résumé : la téléassistance ne remplace pas un système d’alarme, mais elle peut, dans certains cas, permettre d’alerter en situation d’urgence, y compris face à un cambriolage.

Des offres évolutives : les nouvelles technologies à la rescousse ?

Conscientes du vieillissement de la population et du besoin de sécurité élargi, certaines entreprises de téléassistance proposent désormais des options proches de la domotique :

  • Détecteurs d’ouverture ou de mouvement qui préviennent la centrale en cas de passage suspect.
  • Caméras intérieures (avec accord explicite de la personne) pilotables à distance par la famille ou l’opérateur.
  • Alertes automatiques en cas de détection de présence inhabituelle (absence de mouvement prolongée la nuit, etc.).

Attention cependant : ces services restent plus rares, souvent plus coûteux, et leur installation demande une certaine habitude des nouvelles technologies. Vérifiez également la compatibilité avec votre logement (ancienne bâtisse bretonne, murs épais, mauvaise couverture réseau, etc.).

Certaines collectivités, à l’image du Conseil Départemental du Morbihan, proposent ponctuellement des aides pour financer la téléassistance basique, mais le volet « protection intrusion » demeure souvent à la charge des usagers. (Source : morbihan.fr)

Le regard des forces de l’ordre et des assurances : dissiper les malentendus

Selon les gendarmes de Pluvigner et les assureurs mutualistes locaux, la téléassistance n’est pas référencée comme une solution de sécurisation contre le vol pour bénéficier d’une baisse de franchise ou d’une garantie renforcée.

En France, selon l’Observatoire National de la Délinquance, environ 500 000 cambriolages de logements sont recensés chaque année. Le Morbihan a connu une légère augmentation des intrusions en zone rurale depuis 2020, touchant parfois des personnes âgées isolées, surtout en journée et lors des vacances.

Pour les assurances, seuls les systèmes anti-effraction agréés (alarmant, télésurveillance, portes blindées, etc.) permettent d’ajuster vos contrats. Les mutuelles seniors, quant à elles, saluent la téléassistance, mais pour les risques liés à la santé, non au cambriolage. Attention aux discours trop rassurants de certains vendeurs.

Actions concrètes : être acteur de sa sécurité au quotidien

  • Connaître ses voisins et participer au dispositif « Voisins Vigilants » : Plusieurs quartiers de Camors sont actifs dans ce dispositif qui encourage la solidarité et la vigilance partagée. Renseignez-vous auprès de la mairie ou de la gendarmerie.
  • Répéter les gestes à faire en cas d’intrusion : L’éducation est essentielle. Autant pour l’usage du bouton d’appel que pour la réaction à adopter (ne pas affronter, appeler discrètement…).
  • Tenir à jour une liste de contacts fiables : Proches, voisins, responsabilités locales qui peuvent être joints rapidement par la centrale.
  • Repérer les horaires à risque : Les statistiques montrent que 65 % des cambriolages se produisent en journée, principalement entre 14h et 17h (Source : Ministère de l’Intérieur).

Compléter la téléassistance : quelles solutions locales pour une sécurité renforcée ?

A Camors comme ailleurs, il ne faut pas hésiter à cumuler plusieurs dispositifs. Quelques suggestions éprouvées sur le territoire :

  1. Les systèmes d’alarme connectée : De nombreux artisans morbihannais proposent la pose de systèmes d’alarme, certifiés et avec télésurveillance, désormais abordables. Certains installateurs locaux travaillent main dans la main avec des réseaux solidaires (Clics, CCAS).
  2. L’éclairage automatique extérieur : Installer des détecteurs de mouvement autour de la maison peut fortement dissuader. Quelques associations abordent ce thème lors de leurs ateliers habitat.
  3. Marquage des objets de valeur : Un marquage codé, accessible lors des événements organisés par la gendarmerie, permet de retrouver des objets volés plus facilement.
  4. Adhérer à une association d’aide à domicile : Un passage quotidien d’un professionnel offre à la fois compagnie et présence dissuasive.
  5. La domotique intergénérationnelle : Partager des outils, prévenir les petits-enfants qui peuvent surveiller à distance (quand cela est accepté), diminuerait le sentiment d’insécurité.

Quelques chiffres pour mieux comprendre le phénomène

Type d’événement Part liée à la téléassistance Part liée aux intrusions/cambriolages Source
Appels émis par téléassistance (2022) 88% pour malaise/chute Moins de 2% en lien avec intrusions ANAP/Fédération des Services à la Personne
Cambriolages recensés chez les +65 ans - Environ 50 000/an, soit 1 cambriolage sur 10 ONDRP/DGPN 2022

Anticiper, rassurer sans tromper : un équilibre nécessaire

La téléassistance sauve des vies et rassure au quotidien. Son efficacité contre les cambriolages est beaucoup plus limitée. Certains dispositifs « hybrides » existent, mais attention aux discours commerciaux qui les mettent sur un pied d’égalité avec les alarmes.

La clé : combiner la bienveillance d’un réseau humain (proches, voisins, acteurs locaux), la présence rassurante de la téléassistance et, si besoin, des équipements techniques validés. Chacun ajuste sa solution en fonction de son espace, de ses ressources et de ses habitudes – sans oublier d’en parler autour de soi. C’est aussi en échangeant localement que l’on crée un environnement plus sûr et plus serein, pour soi-même et pour tous.