Comment adapter son logement pour continuer à vivre chez soi après 60 ans ?

05/09/2025

Évaluer les besoins : la première étape incontournable

Avant d’engager des travaux, il s’agit d’identifier ce qui fera vraiment la différence chez soi. Ce diagnostic peut être fait avec un ergothérapeute, une assistante sociale, ou lors de la visite-conseil d’un organisme comme Soliha, l’ADIL ou le CLIC. L’Agence nationale de l’habitat (Anah) et la CNSA recommandent d’évaluer :

  • L’accessibilité générale du logement (portes, escaliers, seuils, circulation)
  • La sécurité (risques de chute, éclairages, chemins d’accès…)
  • Le confort d’usage (hauteur du mobilier, salle de bains, cuisine…)
  • La facilité d’entretien

En Bretagne, près de 35% des logements occupés par des personnes de 65 ans et plus présentent au moins une difficulté majeure liée à la mobilité ou à l’accès (Observation Sociale Bretagne, 2022).

Les pièces clés à sécuriser en priorité

La salle de bains : le point noir n°1 des logements seniors

La majorité des chutes graves des seniors ont lieu dans la salle de bains (sources : Assurance Maladie, 2019). Carrelage glissant, rebords de baignoire, manque de barres d’appui ou espace exigu : autant de raisons de transformer cette pièce en priorité. Les travaux à privilégier sont :

  • Douche à l’italienne antidérapante : remplacer la baignoire par une douche de plain-pied, solution la plus plébiscitée (76% des demandes d’aide à l’adaptation : Source : Anah, 2021)
  • Barres d’appui et siège de douche mural pour entrer, sortir et se laver en toute stabilité
  • Éclairage renforcé (ampoules LED à détection de mouvement)
  • Rehausseur de WC ou WC surélevés, pour limiter l’effort à l’assise et au relevage
  • Revêtements antidérapants au sol et à l’entrée de la pièce

L’investissement est souvent amorti par la réduction du risque de chute. D’après les chiffres, une hospitalisation suite à chute coûte en moyenne 3200 € et entraîne une perte d’autonomie dans 50% des cas (Santé Publique France, 2022).

Les circulations intérieures : éviter les obstacles et les accidents

Passages étroits, tapis, meubles bas… Les logements anciens ou ruraux, fréquents dans le pays de Camors, réservent parfois des zones à risque :

  • Élargir les passages (au moins 80 cm de largeur pour le fauteuil roulant ou le déambulateur, source : Fédération Habitat & Dépendance 2023)
  • Déclutter : enlever les meubles inutilement encombrants, fixer les tapis ou les remplacer par des revêtements antidérapants
  • Installer des mains courantes le long des murs, surtout dans les couloirs ou les zones à marche

Dans le Morbihan, on compte un nombre important de maisons à étages ; la présence d’escaliers peut être un frein si les marches deviennent pénibles. L’installation d’un monte-escalier ou, quand cela est possible, l’adaptation d’une chambre ou salle d’eau au rez-de-chaussée fait partie des demandes fréquemment accompagnées par le CLIC de la région.

Cuisine : autonomie mais sécurité avant tout

On y passe beaucoup de temps : préparer ses repas, recevoir les proches, chercher un médicament… Pour garder cette autonomie :

  • Abaisser ou remplacer certains plans de travail pour les rendre accessibles assis, surtout si déplacer reste pénible ou impossible
  • Préférer des placards bas, à tiroirs, et éviter les rangements trop en hauteur
  • Installer des interrupteurs à levier ou à détection – pratiques si l’on souffre d’arthrose ou de perte de force dans les mains
  • Renforcer l’éclairage des zones d’activité et des accès (LED économes, à détection pour ceux et celles qui se lèvent la nuit)
  • Bien marquer l’entrée et la sortie de la pièce, éviter les seuils élevés et poser un revêtement de sol antidérapant

Le but : pouvoir continuer à cuisiner, organiser son espace et recevoir tout en limitant tout risque d’accident. Les petits gestes quotidiens deviennent plus faciles et moins fatiguant.

Entrées, accès extérieurs et sécurité : anticiper pour préserver la mobilité

Pour bon nombre de logements camoriens et morbihannais, l’accès à la maison se fait par de petits escaliers ou une allée parfois inégale. Or, il est important de garder la possibilité de sortir, de recevoir ou de participer à la vie locale sans demander systématiquement de l’aide.

  • Installer des rampes d’accès extérieures si besoin (rampe amovible ou permanente selon le type de seuil)
  • Poser un interphone ou un vidéophone pour gérer les visites sans se précipiter jusqu’à la porte
  • Réaménager l’allée, s’il y a des pierres instables ou des surfaces glissantes
  • Automatiser les volets et portails – commandes centralisées, télécommandes ou solutions domotiques (aides pour ces équipements via MaPrimeAdapt’ depuis 2024 pour les personnes en perte d’autonomie)

Le but est de permettre d’entrer et sortir de chez soi sans effort démesuré, par tous les temps.

Chambre : bien dormir, bien se relever

Avec l’âge, on se réveille parfois plus souvent la nuit. Quelques adaptations faciles mais efficaces :

  • Déplacer la chambre au rez-de-chaussée si la montée des escaliers devient difficile
  • Installer une lampe de chevet avec commande à portée de main, ou une veilleuse à détection de mouvement (très utile pour rejoindre les toilettes la nuit)
  • Privilégier un lit à hauteur adaptée (50 à 60 cm d’assise) pour se lever facilement : ni trop bas ni trop haut
  • Garder un espace libre autour du lit pour circuler sans obstacle, surtout si l’on a recours à une aide technique (canne, déambulateur ces dernières années : +30% d’utilisation selon la CNSA depuis 2017)

Éclairage et domotique : bien s’équiper pour plus de sécurité

Un bon éclairage limite la majorité des accidents nocturnes. La domotique (ensemble des systèmes automatisés) facilite, elle, la vie quotidienne : extinction automatique des lumières, alarmes de détection en cas de chute, téléassistance avec interlocuteur local, gestion à distance des volets et du chauffage.

  • Éclairages détection de mouvement ou minuteries
  • Prises télécommandées pour éviter de se pencher
  • Signalisation sonore et visuelle pour sécuriser les accès (sonnette, visiophone…)
  • Alarme médicale ou bracelet connecté, en lien avec un centre d’appel (ex. : le département du Morbihan en propose, ou l’association Présence Verte, : voir ici)

La téléassistance concerne aujourd’hui plus de 580 000 seniors en France (Drees, 2022).

Budget, aides et accompagnements locaux

Adapter son logement, cela suppose un budget, parfois conséquent. Heureusement, plusieurs dispositifs sont ouverts aux personnes de plus de 60 ans, sous condition de ressources ou de situation de perte d’autonomie :

  • MaPrimeAdapt’ (depuis janvier 2024, remplace l’aide Anah Habiter Facile), financer jusqu’à 70% des coûts pour des travaux favorisant le maintien à domicile (source Anah)
  • L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), qui peut financer certains aménagements ponctuels
  • Caisses de retraite et mutuelles : des subventions spécifiques, des services d’ergothérapeutes, diagnostic gratuit
  • Collectivités et Département du Morbihan : accompagnement via le CLIC, les CCAS et parfois cofinancement

À noter : Soliha Morbihan, l’ADIL du Morbihan et les permanences des caisses de retraite organisent régulièrement des permanences-conseils et des ateliers autour du logement et de la prévention. Il existe aussi un carnet d’adresses local sur la commune de Camors et ses environs pour les artisans labellisés « Handibat » ou « Silverbat ».

Démarches utiles et ressources

  • Visite-conseil avec un ergothérapeute (souvent financée dans le cadre d’un plan d’aide APA ou de la caisse de retraite)
  • Échanges avec le CLIC auprès de la commune ou du département – ils peuvent orienter vers les bons dispositifs
  • Se renseigner auprès du CCAS local ou des associations telles que l’UDAF 56 qui proposent des accompagnements individualisés

À Camors et dans le Morbihan, la proximité du réseau associatif fait la différence : portage de repas, aides techniques, ateliers prévention des chutes (ex : réseau "Bien Vieillir Bretagne"), tout cela rassure et évite l’isolement lors des démarches ou de la réalisation des travaux.

La dynamique locale, un facteur clé pour réussir l’adaptation du logement

S’adapter, c’est avant tout rester actrice ou acteur de ses choix. Face à la pluralité des logements du Morbihan – maisons à étage, petites longères, appartements en ville ou maisons de bourg –, chaque adaptation s’imagine « sur-mesure ». Échanger avec d’autres, croiser des expériences ou faire intervenir un professionnel local rassure et aide à franchir le pas.

D’après l’Observatoire régional du logement des personnes âgées, six personnes sur dix ayant fait des travaux répètent “avoir gagné en confiance et en qualité de vie”, parfois tout simplement grâce à une poignée bien placée ou un sol bien choisi.

Aller plus loin : adapter son cadre de vie, c’est gagner en liberté

Adapter son logement dès 60 ans ou avant, c’est se donner les moyens de choisir, aujourd’hui et demain, comment et où vivre. Des solutions existent à tous les budgets, toutes les habitations et toutes les envies. Rester autonome, ce n’est pas s’isoler, c’est au contraire anticiper pour profiter, rencontrer, recevoir, ou simplement être bien chez soi.

N’hésitez pas à solliciter les conseils locaux, à visiter les ateliers de prévention, ou à échanger avec d’autres seniors ayant réalisé ces transformations. Cela permet parfois d’oser franchir le pas, d’étoffer ses idées ou, tout simplement, de se sentir moins seul(e) face à la complexité des démarches.

Chaque aménagement compte, chaque initiative, petite ou grande, contribue à faire du domicile un lieu de vie adapté et serein, à Camors comme partout ailleurs.